SEMAINE DE LA POP PHILOSOPHIE 2011
SAISON III
MARSEILLE
DU 17 AU 22 OCTOBRE 2011
Lieux
MuCEM
Galerie MAD
BMVR Alcazar
Montévidéo
Galerie Lafayette
Centre de la Vieille Charité
Bar rock La Maison Hantée
Musée d'Histoire de Marseille
Musée d'Histoire Naturelle de Marseille
Théâtre National de la Criée
FRAC PACA
Chapelle de la Vieille Charité
MaMO
PROGRAMME 2011
-
LUNDI 17 OCTOBRE -Euromed Management
19H: Hors du prix, Philosophie et capitalisme immatériel // Débat avec Marcel Hénaff (philosophe, Université de Californie à San Diego), Aude Lancelin (journaliste), Yann Moulier Boutang (économiste)
« Selon Karl Polanyi [La Grande Transformation,1944] la spécificité du capitalisme moderne --celui qui s’impose avec la Révolution industrielle-- c’est de transformer en objets de pure spéculation financière certains éléments qui constituaient des conditions stables et générales de l’économie: la terre, le travail, la monnaie. Le nouveau capitalisme va beaucoup plus loin. Tout bien, même le plus intangible (savoir, service, image sociale, compétence, idée, projet, potentialité d’innovation), peut devenir objet d’appropriation marchande et de calcul financier. Ainsi le formatage des savoirs tend à aller de pair avec le formatage marchand. Tocqueville s’inquiétait d’un phénomène similaitre dans ses textes sur l’Amérique; il parlait d’une perte du “trouble de penser”. Il est urgent pour la philosophie de contribuer à aggraver ce trouble en questionnant le phénomène d’absoprtion sans reste de l’inestimable par les nouvelles formes du marché. »
Marcel Hénaff
-
MARDI 18 OCTOBRE – Galerie de l’École Supérieure d'art Marseille-Méditerranée
15 H :Quand les super-héros philosophent // Avec Christian Boissinot (professeur de philosophie et co-directeur de la collection Quand la philosophie fait pop! aux Presses de l’Université Laval (Québec)), Jean-Claude Simard (philosophe, président de la Société de philosophie du Québec), et Federico Pagello (professeur chercheur en littérature populaire et culture médiatique à l’Université de Limoges)
« Superman, Batman, Spider-Man, les X-Men, pour ne nommer qu’eux, sont des caractères fictionnels connus un peu partout dans le monde et de véritables icônes de la culture populaire. Comment expliquer leur succès auprès des jeunes et des moins jeunes? C’est que derrière la façade divertissante, et qui prête parfois à sourire de ces super-héros en collants, se cache une fascinante réflexion sur les enjeux de notre temps. En effet, qu’il s’agisse de la réactivation d’archétypes, du rapport complexe entre Bien et Mal, de la responsabilité personnelle et sociale associée à la possession du pouvoir, du lien à la nature et à la techno-science ou des interrogations identitaires de ces personnages masqués, les questions posées par les super-héros recoupent bien souvent celles auxquelles l’humanité doit aujourd’hui faire face. Petit examen des leçons prodiguées par les créateurs de Comic Books. »
Christian Boissinot
BMVR-Alcazar
18H: Joutes rhétoriques Le savoir peut-il s’acheter ou se vendre ? // Rencontre avec Denis de Casabianca, professeur de philosophie au lycée Saint Charles et Matthias Youchenko, professeur de philosophie au lycée Marie-Madeleine Foucarde
« Tout peut-il s’acheter et se vendre ? Y a-t-il, dans nos sociétés qui semblent avoir transformé la plupart des activités sociales en rapports marchands, des échanges qui échappent à l’emprise de l’argent ? Y a-t-il des biens matériels ou immatériels qui résistent à cette aliénation économique ?
La question fut posée dans la Grèce ancienne par Platon. Celui-ci défendait contre les sophistes auxquels il reprochait de faire commerce du savoir, le caractère non-marchand de la vérité. Contre tous ceux qui la monnayaient, le philosophe affirmait que la parole de vérité n’avait pas de prix. Pour lui, la gratuité était la condition et la garantie de l’indépendance de l’esprit et du désintéressement dans la quête du vrai. Ce vieux débat, dont, avec le temps, les sophistes sont peut-être sortis vainqueurs, anticipait ce à quoi nous assistons aujourd’hui : la marchandisation du savoir et des biens symboliques.
Y a-t-il dans un monde où la puissance du modèle marchand s’est étendue à toutes les sphères d’activités et d’existence, encore de la place pour des coins de réalité qui lui échapperaient ?
Le problème posé est tout autant éthique que politique mais s’y adjoint une question subsidiaire que Platon a laissée de côté. À supposer que certains biens immatériels soient (ou doivent être) soustraits à l’évaluation marchande, ils n’échapperont pas pour autant au jugement de valeur, et de la question liminaire on passe alors à celle-ci : que vaut ce qui n’a pas de prix ? »
Françoise Gaillard
CIPM-Vieille Charité
19H: Le code secret de Mallarmé enfin dévoilé ? // Une intervention de Quentin Meillassoux (philosophe et professeur à l’ENS Ulm), suivie d’un échange avec Eric Aeschimann (journaliste au Nouvel Observateur).
« Un Coup de Dés jamais n’abolira le Hasard constitue peut-être, dans l’histoire de la poésie moderne, la rupture la plus radicale : lignes éclatées sur tout l’espace de la double page, jeu sur la taille des caractères empruntant au procédé de l’affiche, multiplication des incises qui déroutent la lecture. Mais son intrigue est plus étrange encore, qui résiste toujours à une pleine élucidation. On y rencontre un naufrage, et un Maître, bientôt noyé à son tour, qui tient en son poing les dés qu’il hésite à lancer en face des flots furieux. Le héros pressent que le résultat de l’envoi, s’il avait lieu, devrait être extraordinairement important : un Nombre que l’on dit « unique », et « qui ne peut pas être un autre ».
Ce livre se propose de résoudre l’énigme : quel est le sens de ce nombre sur lequel repose l’ensemble du poème ? L’originalité fondamentale de l’investigation de Quentin Meillassoux tient à une découverte, déstabilisante et simple comme un jeu d’enfant. Toutes les dimensions du Nombre, on le comprend progressivement, ne s’articulent entre elles qu’à une seule condition : que ce Nombre nous soit ultimement délivré par un code secret, enfoui dans le Coup de dés comme la clé qui ouvre enfin à ses dispositifs. Alors se dévoile aussi la signification de cette sirène surgie le temps d’une fulgurance parmi les débris du naufrage : elle est le cœur vivant d’un drame en train de se produire »
Quentin Meillassoux
-
MERCREDI 19 OCTOBRE -Forum de la FNAC
15H: Métaphysique du Joystick // Avec Mathieu Triclot (professeur de philosophie), suivi d’un échange avec Erwan Cario (journaliste à Libération)
Une réflexion sur les jeux vidéo qui amène à interroger une ontologie de cette expérience ludique, ce en quoi elle est spécifique et se distingue des autres expériences ludiques, et à comprendre ce qui est philosophiquement à l’œuvre dans le fait de jouer aux jeux vidéo.
Centre de la Vieille Charité
15H :RDV avec Raphaël Enthoven et ARTE, Philosophie: La Liberté // Avec Fréderic Worms, philosophe
Qu'est ce que la liberté? Faire ce qu'on veut? Ce serait faire de la liberté un caprice. Vouloir ce qu'on fait? Ce serait indexer la liberter sur le renoncement. Devenir ce qu'on est? Ce serait réduire la liberté au déploiement d'une substance... Et si la liberté était un faux problème?
-
JEUDI 20 OCTOBRE - MAC
19H: Soirée Archi-Pop, architecture logo, architecture canard // Avec Françoise Gaillard (historienne des idées), Bruno Queysanne (professeur d’histoire et de philosophie à l’école d’architecture de Grenoble), et Valéry Didelon (architecte).
« Après une longue période moderniste qui a vu le triomphe d'un fonctionnalisme peu loquace, l’architecture semble aujourd’hui vouloir renouer avec le désir de faire parler édifices et monuments. Combien de bâtiments dits postmodernes cherchent à afficher leur destination, discrètement dans le cas des réalisations haut de gamme (Grande Bibliothèque de France en forme de quatre livres ouverts, Institut du monde arabe avec façade évoquant les moucharabiehs…), ou tapageusement dans le cas des constructions kitsch. Un bon exemple nous est fourni par le bâtiment en forme de canard sur la route 66 dans l’ouest américain. Ici, l’architecture vaut enseigne. Mais qu’on ne s’y trompe pas : cette clarté de type signalétique ne relève d’aucune pensée lumineuse ni d’aucune intention utopique. Tout sépare l’architecture parlante des Lumières de ce babil de basse-cour. De quoi parle en effet le bâtiment en forme de canard? De rien d’autre que de canard. Car l’adéquation de sa forme à son usage n’est pas fonctionnelle (la commercialisation) mais thématique (le canard). »
Françoise Gaillard
-
VENDREDI 21 OCTOBRE – Théâtre National de Marseille - la Criée
15H: Kant et les extraterrestres // Une intervention de Peter Szendy (philosophe, musicologue)
« On invitera Kant au cinéma. Avec lui qui croyait dur comme fer aux habitants des autres planètes, on regardera diverses séquences de films de science-fiction, depuis Aelita jusqu'à Body Snatchers. […] Mais on s'en doute: observer les aliens à l'écran en lisant Kant, ce n'est pas un jeu gratuit; c'est une manière neuve de penser le cosmopolitisme, entre la paix perpétuelle et la guerre des étoiles.»
Peter Szendy
19H: Purple Haze, le rock et les drogues. Un trip avec Jimi Hendrix et Michel Foucault // Francis Métivier (philosophe) traitera ce thème en l’illustrant par une interprétation live de références rock.
« Si la philosophie est souvent la recherche rationnelle et libre d’une l’idée juste, alors, de prime abord, elle ne devrait s’accorder ni avec le rock, qui est la passion de l’intensité, ni avec les drogues, dont on dit qu’elles conduisent fatalement à la perte de l’indépendance. Pourtant, en tant que philosophe, Foucault s’est posé une question honnête : peut-il exister un usage sage des drogues, ouvrant certains horizons intellectuels et aboutissant, non à la dépendance, mais à la création ? Est-ce une telle conception des drogues que l’on retrouve à l’œuvre dans l’expérience esthétique de Jimi Hendrix et notamment son Purple haze ? »
Francis Métivier
-
SAMEDI 22 OCTOBRE - Théâtre National de Marseille La Criée
18H: L'art, le divertissement, la vie: Questions de frontières // Avec Jacques Rancière, philosophe, suivie d'un échange avec Aude Lancelin, rédactrice en chef Culture à Marianne
Le rapport entre art et divertissement est une très vieille question philosophique. Mais cette question ne concerne pas l'appréciation du contenu de tel ou tel spectacle et du type de plaisir qu'il procure. Elle est de savoir quel emploi du temps et quels usages du corps conviennent à des hommes libres et lesquels conviennent à des hommes "mécaniques". C'est donc un partage éminemment politique. Et l'un des aspects essentiels des révolutions esthétiques modernes a été de remettre en cause ce partage en brisant les frontières séparant l'art de la vie ou la culture noble de la culture populaire. On essaiera de le montrer en croisant quelques textes d'Aristote avec quelques divertissements cinématographiques.
Jacques Rancière.